"Fado Tropical et Révolution aux Oeillets : échos d'un malentendu durable" par Jean-Paul CAUDREC


Fado tropical
C. Buarque, R. Guerra

Oh, musa do meu fado,
Oh minha mãe gentil,
Te deixo consternado
No primeiro abril.
Mas não sê tão ingrata,
Não esquece quem te amou,
E em tua densa mata
Se perdeu e se encontrou.

Ai, esta terra ainda vai cumprir seu ideal,
Ainda vai tornar-se um imenso Portugal !

Sabe, no fundo eu sou um sentimental.
Todos nós herdámos no sangue lusitano uma boa dosagem de lirismo (além da sífilis, é claro).
Mesmo quando as minhas mãos estão ocupadas
em torturar, esganar, trucidar, meu coração fecha
os olhos e sinceramente chora…

Com avencas na caatinga,
Alecrins no canavial,
Licores na moringa,
Um vinho tropical.
E a linda mulata,
Com rendas do Alentejo,
De quem, numa bravata,
Arrebato um beijo!
Ai, esta terra ainda vai cumprir seu ideal…

Meu coração tem um sereno jeito
E as minhas mãos o golpe duro e presto,
De tal maneira que, depois de feito,
Desencontrado, eu mesmo me contesto.

Se trago as mãos distantes do meu peito
É que há distância entre intenção e gesto
E se o meu coração nas mãos estreito,
Me assombra a súbita impressão de incesto.

Quando me encontro no calor da luta
Ostento a aguda empunhadora à proa,
Mas meu peito se desabotoa.

E se a sentença se anuncia bruta
Mais que depressa a mão cega executa,
Pois que senão o coração perdoa.

Guitarras e sanfonas
Jasmins, coqueiros, fontes,
Sardinhas, mandiocas,
Num suave azulejo !
E o rio Amazonas
Que corre Trás-os-montes,
E numa pororoca,
Deságua no Tejo !
Ai, esta terra ainda vai cumprir seu ideal
Ainda vai tornar-se um império colonial…
Fado tropical
Trad JP Caudrec

Ô, muse de mon fado,
Ô, ma douce mère,
Je te quitte consterné
En ce premier avril.
Mais sois pas si ingrate,
Oublie pas celui qui t’a aimée,
Et qui dans ton épaisse forêt
S’est perdu et s’est retrouvé.

Ah, cette terre va encore réaliser son idéal,
Elle va devenir un jour un immense Portugal !

Tu sais, au fond, moi je suis un sentimental. On a tous hérité du sang lusitanien une bonne dose de lyrisme (en plus de la syphilis, bien sûr).
Même lorsque mes mains sont occupées à torturer, tourmenter, trucider, mon cœur ferme les yeux et pleure sincèrement…

Avec de la fougère dans la savane,
Du romarin dans les champs de canne,
Liqueurs dans le cruchon,
Un vin tropical.
Et la belle mulâtresse,
Et ses dentelles d’Alentejo,
À qui, par bravade,
J’arrache un baiser !
Ah, cette contrée va encore réaliser son idéal…

J’ai le cœur serein par nature
Et mes mains frappent vite et dur
De sorte que, après l’action,
Déboussolé, je me remets en question.

Si j’ai les mains loin du cœur,
C’est qu’il y a loin de l’intention au geste
Et si entre mes mains j’étreins mon cœur
Je suis troublé par la soudaine impression d’inceste.

Quand je me retrouve au cœur de la mêlée
Je dégaine et j’empoigne la rapière,
Mais ma poitrine se desserre.  

Et si la sentence sans ambages est prononcée
La main aveugle exécute sans attendre
Car sans cela le cœur se laisse prendre.

Mandolines et flonflons
Jasmins, cocotiers, fontaines
Sardines, manioc
Sur un doux zellige !
Et l’Amazone
Qui coule outre monts
Dans un mascaret
Se jette dans le Tage !
Ah, cette contrée va encore réaliser son idéal
Elle va devenir un jour un empire colonial… 

 
Fado tropical est, à mon avis, une bonne chanson de Chico Buarque, expression concrète d’un métissage culturel et ode à la fraternité lusophone de part et d’autre de l’Océan. Dans les premiers temps j’ai cru que c'était un chant d’espoir adressé en hommage aux Capitaines d’Avril lors de la Révolution aux œillets car c’est ainsi que me l’ont présentée les amis portugais en 1975, lors de mon premier retour au Portugal libéré. J’en avais profité cet été-là pour acheter le LP Chico canta sur lequel était enregistrée cette chanson avec une douzaine d’autres petits joyaux. De retour en Bretagne, loin de l’euphorie de l’été brûlant de 75 à Lisbonne, je "matais la saudade" en écoutant le disque du matin au soir et je me suis rendu compte alors que le sens du texte ne correspondait pas à l’explication qui m’en avait été donnée. En y regardant de plus près, j’ai pu lire sur la pochette que le copyright de première publication du disque datait de 1973, soit une année avant le soulèvement du MFA au Portugal. Je m’étais déjà laissé dire que de la voix poétique à la voix prophétique la distance était mince mais, malgré la vénération que je vouais à Chico, il faudrait me l’expliquer patiemment pour me convaincre.

Au fil du temps, bien avant Internet, j’ai peu à peu appris, qu’à l’origine, Fado tropical  est l’un des thèmes d’une comédie musicale composée en 1972, par Chico Buarque de Holanda et Ruy Guerra, cinéaste mozambicain, pièce destinée à être représentée au théâtre et intitulée Calabar l’éloge de la trahison
 
A cette époque, les artistes et créateurs brésiliens sont tributaires de l’indispensable autorisation de la commission de censure instaurée par le pouvoir militaire, plus féroce et sourcilleuse encore, s’il en était besoin, depuis la promulgation de l’Acte institutionnel N°5 (A.I. 5) en décembre 1968 (il ne sera abrogé qu’en 1979), par lequel le Brésil passe de fait de la ditabranda à la ditadura. Fin 1972, l’autorisation de représentation de Calabar fut refusée. Néanmoins, l’édition du texte ainsi que du disque et des chansons qui l’accompagnent sont autorisés, sous réserve de quelques coups de ciseaux. Malgré cela, quelques jours après le lancement, les premiers albums édités sont retirés des bacs des disquaires sur ordre du Régime au prétexte que le titre de l’album était Chico Canta Calabar, initiales CCC en majuscules, allusives aux sinistres Comandos de Caça aos Comunistas, milices qui déjà en 1968 avaient fait irruption dans un théâtre de São Paulo et tabassé les membres de la troupe lors de la représentation d’une pièce du même Chico Buarque, Roda viva. L’album ressortira quelques temps plus tard avec le titre raboté, Chico canta.

Pour ces raisons, Fado tropical connaîtra au Brésil un succès très confidentiel jusqu’à ce que, au Portugal, la suppression de la censure dès le 25 avril 74 permette sa diffusion sur les ondes libérées. Alors, Fado tropical contribuera à sa manière à la liesse et à l’émotion collective. Et c'est là que surgit le malentendu. Mais revenons às raízes e às matrizes.

Le thème de Calabar évoque un chapitre intéressant de l’Histoire du Brésil : l’installation des Hollandais dans la région du Nordeste, de 1630 à 1654, et les efforts des Portugais pour les en expulser. Sans entrer dans les détails superflus, il faut rappeler qu’en 1580 une crise de succession dynastique contraint le Portugal à sceller une union avec l'Espagne : Philippe II porte les deux couronnes d’Espagne et du Portugal et, de ce fait, la colonie Brésil passe aussi dans l’escarcelle espagnole. La réunion des deux royaumes, connue sous le nom d’Union ibérique, dure jusqu’en 1640, mais leurs institutions restent séparées. 
 
Les Pays-Bas (Provinces unies) arrachent leur indépendance vis-à-vis de l'Espagne en 1581, ce qui va conduire Philippe II à interdire le commerce avec leurs navires, y compris au Brésil. Les Hollandais bravent l’interdit et en 1630, après avoir subi de sérieux revers à Salvador, ils vont tenter de s’installer durablement dans la région de Recife malgré la résistance du gouverneur portugais de Pernambouc, Mathias de Albuquerque. L’Histoire officielle a retenu que les Hollandais ont été aidés en cela par la désertion providentielle d’un homme jusque là engagé aux côtés d’Albuquerque, le métis Domingos Fernandes Calabar qui connaissait bien le terrain ainsi que les points faibles de la défense portugaise. Au bout de deux ans les Hollandais contrôlent la longue bande de côte la plus accessible aux Européens, et l’arrivée de Maurice de Nassau, gouverneur envoyé par la Compagnie hollandaise des Indes Occidentales, va conforter la présence batave. Recife est rebaptisée Mauritsstad / Cidade Maurício.

Pour la fin de l’histoire, le déserteur Calabar sera repris par Albuquerque et condamné à être pendu puis écartelé, sentence qui sera exécutée sans délai. 
 
On a pu voir dans cet épisode l’illustration de l’un des mythes fondateurs du Brésil, dans la mesure où les trois principaux groupes humains qui composent le substrat de la nation brésilienne sont alliés et unis pour déloger les intrus venus des Pays-Bas ; dans la pièce, les éléments indigène, européen et africain sont respectivement incarnés par Felipe Camarão, indien converti par les jésuites, Mathias de Albuquerque, gouverneur portugais et l’esclave affranchi Henrique Dias. Le métis Calabar représente quant à lui la figure du félon et du renégat. Or, à travers ce personnage, c’est le mythe que Chico Buarque et Ruy Guerra ont voulu remettre en cause, en complétant le titre éponyme : Calabar, l’éloge de la trahison
 
A ce sujet, Chico Buarque confie que
« Calabar, l'éloge de la trahison, posait la question de la colonisation. Nous avions énormément travaillé, avec Ruy Guerra, pour essayer de cerner au mieux cet épisode de l'histoire brésilienne, quand deux puissances coloniales, le Portugal et la Hollande, s'affrontaient dans le Nordeste pour la possession d'une terre qui ne leur appartenait pas. Calabar représente dans l'histoire officielle du Brésil la figure du traître à la patrie. Métis originaire de Pernambouc, il déserta, passa à l'ennemi et fut exécuté en 1635. Certains disent que la colonisation hollandaise aurait apporté au Brésil plus de bienfaits que l'autre. Mais toute colonisation a un côté positif et un côté négatif. Les Portugais avaient la vue courte ; ils furent toujours trop timorés, trop prudents, trop hésitants. Ils ont fait beaucoup de tort à la future nation brésilienne, en interdisant l'ouverture d'universités, par exemple. Mais ils possédaient une très grande faculté d'intégration, due à leur propre mélange, entre Maures, Européens du Nord... Ce sont eux qui nous ont transmis la faculté du métissage. Nous sommes le produit de cette générosité portugaise, de cette vision à la fois rétrécie et planétaire.»
Stefan Zweig affirme avec pertinence que « dans cette guerre entre Portugais et Hollandais, un élément nouveau est apparu pour la première fois, élément dont les forces et les particularités sont encore inconnues : le Brésilien ».




Et, après ce long préambule, quel rapport y a-t-il avec notre propos ? Il faut pour cela nous pencher brièvement sur le texte et y déceler quelques indices.

Le titre Fado Tropical attire l’attention : ce n'est pas un authentique oxymore toutefois l'association des deux termes n’est pas naturelle. Chaque élément nous renvoie à des espaces géographiques distincts.
Le terme fado nous situe au Portugal, plus précisément à Lisbonne et nulle part ailleurs. Dans le contexte historique de la pièce, le fado est un anachronisme ; il est possible que cette expression musicale métissée ait poussé son premier cri sur la terre du Brésil dans la seconde moitié du XIXème. En réalité, le fado, le vrai, est né sur la mer, les mers sillonnées par les navires portugais, entre Afrique, Amérique et Portugal ; le fado a le goût du sel et des larmes, le fado n'a pu s'épanouir qu'à Lisbonne, au bord du Tage, point de départ de l'aventure et fin du rêve accompli. L'origine du mot serait fatum, passé du verbe latin fari : ce qui est écrit, qui a aussi donné en français fatal, fatidique etc
Il n’empêche que le fado est devenu un élément identitaire du Portugal de l’Etat nouveau, le Portugal de Salazar. Et jusqu’aux années 70 le fado est un chant défaitiste, conformiste et résigné, au mieux un spectacle pour touristes, au pire l’expression aliénante d’une complaisance coupable pour le régime qui opprime le peuple portugais depuis 40 ans. Il n’est pas bien vu d’aimer le fado dans ces années-là. On me le faisait savoir sans détours.
Un fado tropical, à première vue, pourrait être un type de fado parmi les quelques dizaines de lignes mélodiques reconnues (fado vitória, fado tango, fado corrido etc) à partir desquelles le fadiste improvise et module au gré de son inspiration et de ses aptitudes vocales. Mais, que je sache, le fado tropical n’en fait pas partie.

Le mot tropical nous renvoie donc à un autre espace géographique, à celui de l’extension/expansion coloniale portugaise. Pour l’anecdote, l’un des chapitres d’un livre fondamental, Racines du Brésil (1936), écrit par Sérgio Buarque de Holanda, le propre père de Chico, s’intitule : Le Portugal et la colonisation des terres tropicales. Le terme était assez en vogue en 1973 puisque, quelques années auparavant, un autre chanteur populaire, Jorge Ben, avait composé une chanson intitulée País tropical, dans laquelle il énumérait sur un rythme de samba un certain nombre de lieux communs sur le style de vie des classes moyennes cariocas ; et à la fin des années 60, après publication d’un disque collectif intitulé Tropicália, un mouvement culturel qui va bouleverser le paysage de la MPB, va éclore sous le nom de Tropicalisme. On peut y entrevoir également une inspiration de la théorie du « lusotropicalisme » établie par Gilberto Freyre (Maîtres et Esclaves, 1933, 1952 pour la première édition française). Ce concept, récupéré et travesti par le salazarisme, correspond à l’idée d’un impérialisme "à la portugaise", selon lequel la colonisation portugaise était portée par un esprit humaniste et civilisateur plus que par la cupidité, le profit et l’exploitation. 
 
S’agissant d’une chanson, le texte se compose de trois couplets et d’un refrain. Mais, s’agissant d’une comédie musicale, il comprend aussi deux passages non chantés, le second sous la forme d’un sonnet dit par Albuquerque dans lequel il exprime cyniquement, et non sans humour, son sens de l’efficacité dans l’action.

Les deux premiers vers ont une structure identique, avec en anaphore l’interjection vocative oh qui interpelle la muse inspiratrice et la mãe gentil. Pour le premier vers l’invocation de la muse, associée à une métrique traditionnelle, le vers heptasyllabe ou redondilha maior, rappelle bien entendu la poésie classique, médiévale ou de la Renaissance. L’adjectif gentil, pourrait rappeler également l'Alma minha gentil de l’un des plus célèbres sonnets de Camoens, en réalité l’auditeur brésilien reconnaîtra sans équivoque l’exaltation de la mère patrie dans un passage de l’hymne national adopté en 1922 :
Dos filhos deste terra és mãe gentil
Ô pátria amada Brasil

L’invocation de la muse sur un ton suranné et niais, autant que l’évocation de l’hymne national constituent des anachronismes cocasses ; l’humour, tantôt subtil, tantôt féroce et même égrillard, est un élément constant de la pièce.

Le troisième vers a été le point de départ de mes premières interrogations de 1975 : o 1° abril. Que vient faire ici le premier avril pour un hymne aux héros du 25 avril ? La réponse viendra bien plus tard lorsque je fis part de mes doutes à une amie brésilienne : 
- Le premier avril est le lendemain du 31 mars, me répondit-elle, persuadée de m’avoir éclairé.
- Non, sans blague ? Tem certeza ?
- Pois é, meu querido, c’est la date du coup d’état de 1964, ajouta-t-elle, suspectant de sérieuses carences dans la formation lusitaniste de son interlocuteur.
Plus tard encore j’apprendrai que le coup d’état a bien eu lieu dès les premières heures du premier avril mais la junte militaire a flairé le piège : une "glorieuse révolution" le jour des blagues, des farces et des mensonges ça ne fait pas sérieux. Ici encore l’Histoire officielle impose sa version des événements : il est décrété que le coup d’état aura eu lieu le 31 mars, précieux futur antérieur qui permet de tricher avec le temps. Dès lors nous ne sommes plus dans le contexte du conflit luso-hollandais de 1630 mais dans celui de la dictature militaire qui, à partir de 1964, et plus encore en 1968-69, va persécuter, emprisonner, exiler. Et pour les consciences que ça pourrait heurter, le slogan est clair : « Brasil, ame-o ou deixe-o », le Brésil tu l’aimes ou tu le laisses. C'est la référence historique de Te deixo consternado. Trois ans plus tard G. Gil reprendra ce thème pour le show Os mais doces bárbaros en inversant le sens du mot d’ordre : O seu amor ame-o e deixe-o... livre para amar, brincar, correr, ser o que ele é… J'ai aussi découvert au fil des ans que ce slogan n'était pas propre au Brésil. Il serait né au Etats-Unis. Et à l'aube du XXIème siècle, je l’ai entendu d’une certaine droite française, recroquevillée dans la naphtaline, nostalgique de la francisque et dévote du goupillon, à l'adresse des étrangers incomplètement intégrés : "La France, tu l'aimes ou tu la quittes!".

Les vers suivants confirment l’ambivalence des contextes historiques et des protagonistes : 
 
- le découvreur qui s’est attaché à la nouvelle terre, a su l’apprivoiser malgré ses angoisses et ses frayeurs face à une nature, certes généreuse, mais opaque et mystérieuse (densa mata), paradis terrestre ou enfer vert. « Si le paradis terrestre existe quelque part, il ne peut être loin d’ici » se serait exclamé Amérigo Vespucci, débarqué en 1501, un an après Cabral.
- l’exilé politique de la fin des années 60, contraint de quitter son pays, sa patrie bien aimée,
Mas não sê tão ingrata,
Não esquece quem te amou,
Sans regret ni remord pour la syntaxe maltraitée de rustre colon portugais (não sê au lieu de não sejas, esquece pour esqueças), l’exilé, à l’heure des adieux, renié par sa mère-patrie, supplie cette marâtre de ne pas l’oublier. Cette déclaration d’amour filial à la terre-mère indigne rappelle d’autres compositions de Chico Buarque tout aussi déchirantes sur l’exil forcé (il a lui-même été contraint à l’exil à Rome en 1969-70) : Samba de Orly, Meu caro amigo...

Les deux vers du refrain présentent aussi une construction parallèle qui rappelle celle des deux premiers vers du premier couplet, avec l’interjection ai, complainte courante du fado nostalgique embué de saudade, expression de douleur, d’impuissance ou de regret, regret du non-accompli, complétée par l’emploi itératif de l’adverbe ainda associé au futur proche vai (vai cumprir, vai tornar-se). Cette construction annonce sur un ton d’ironie caustique, autant que de lassitude, toute la potentialité de ce sempiternel "pays du futur", jamais réalisé, récurrente dans l’histoire du pays au destin prometteur (destin = fado !).
Ai, esta terra ainda vai cumprir seu ideal
Ainda vai tornar-se um imenso Portugal

Ce refrain peut s’entendre de plusieurs façons :

- Sous l’angle luso-tropicaliste d’abord et encore, selon lequel le dessein de la colonisation portugaise est d’édifier, d’élever avant d’exploiter (cumprir seu ideal). L’arrivée de six jésuites un siècle plus tôt (1549) permettait d’augurer de cette mission, si l’on en croit Stefan Zweig : « C’est pourquoi, ce que les Jésuites considèrent comme le plus important, c’est de construire des écoles, dans lesquelles, voyant très loin, ils commencent leur idée du mélange systématique qui a fait l’unité du Brésil et a, seule, maintenu cette unité… En réalistes rigoureux et clairvoyants ils sont les seuls qui ont eu la vision véritable du Brésil en formation … et ils ne s’écartent pas, au fil des siècles, de leur but ultime : formation de ce pays dans l’esprit d’une seule religion, d’une seule langue, d’une seule idée ». Rappelons aussi qu’en 1630, la terre du Brésil est en devenir, à peine explorée, seule la côte est exploitée ; les premiers bandeirantes, autre mythe fondateur du Brésil, avaient à peine pénétré l’intérieur du pays imenso. Serait-ce aussi la perception d'un pays métissé, comme l'a été le Portugal ainsi que l'a souligné fort justement Chico Buarque ? (Voir plus haut)

- Si en revanche on se place dans le contexte de l’après coup d’état, vai tornar-se um imenso Portugal / Um império colonial présage un devenir aussi sombre pour le Brésil que pour le Portugal puisque, bien entendu, en 1972-73 ce dernier est encore bâillonné et, de plus, englué dans une guerre coloniale qui sacrifie sa jeunesse (4 ans de service militaire, dont deux dans la brousse africaine) et compromet l’avenir du pays. Le dictateur Salazar a été écarté du pouvoir en 1968, victime d’une lésion cérébrale mais son successeur désigné, Marcelo Caetano mène la même politique de « défense des vraies valeurs de l’Occident ».

La deuxième et la troisième strophes représentent une série de tableaux dans lesquels se rejoignent, se confondent et se fondent des éléments de paysages, flore, orographie, art de vivre de l’un et l’autre pays. L’absence de verbes en fait un portrait plutôt statique (comme sur un suave azulejo), plutôt convenu et si chargé de poncifs que l’ironie affleure, mais le tableau est paisible, figé et hors du temps comme le Portugal voulu et imposé par Salazar. Seule l’évocation discrète de la mulata à qui Albuquerque arrache un baiser peut rappeler le comportement dévoyé des colons européens et leur domination par le sexe et le viol des femmes indiennes, africaines, métisses. Selon Stefan Zweig encore : « Ce qui était réprimé dans leur pays par la chaîne et la marque, était considéré ici comme plaisir permis, selon la doctrine des conquistadors Ultra equinoxialem non peccatur », il n’y a pas de péché au-delà de la ligne d’équinoxe, ou équateur. Cette maxime inspirera à Chico Buarque l’un des titres les plus drôles et les plus ébouriffants de l’album, Não existe pecado ao sul do equador, qui connaîtra le succès cinq ans plus tard grâce à une version disco interprétée, à sa manière, par Ney Matogrosso et deviendra le thème musical de la telenovela Pecado rasgado.

Comme nous l’avons vu plus haut, le texte de Fado tropical inclut également deux parties parlées pendant lesquelles l’accompagnement musical demeure d’une grande sobriété, guitarra e viola, c’est-à-dire guitare portugaise et guitare classique. La première, en forme de coeur et au son cristallin, proche de la mandoline, compte douze cordes (2x6) pincées ; c’est l’instrument indispensable à l’accompagnement du fado. Le choix de ces deux seuls instruments par le compositeur donne à la chanson toute sa force expressive, sa capacité à émouvoir et lui confère un gage d’authenticité. 
 
Dans la première partie parlée, Mathias Albuquerque s’adresse de toute évidence à quelqu’un sur le ton de la confidence : sabe, no fundo… Dans la pièce, l’interlocuteur est Frei Manoel, en présence d’Henrique Dias et Felipe Camarão qui picorent les restes du repas du gouverneur. Le ton est grave mais le choix et le choc des mots, d'un petit cœur qui pleure tandis que les mains sont occupées à torturer, sont d’un effet comique désarmant, effet confirmé par l’évocation de l’héritage lusitanien, du lyrisme à la syphilis. Sur l’album de 1973 ce mot a été coupé de la bande son.

Dans le sonnet, le gouverneur, guidé par le souci de l’efficacité et ruminant sa vengeance contre Calabar, justifie son recours à la violence malgré un naturel paisible (Meu coração tem um sereno jeito), violence nécessaire pour rester maître, garder la main (Pois que senão o coração perdoa). Sur le fond, l’effet comique s’estompe en apparence même si la polysémie du troisième tercet comporte, selon moi, une connotation paillarde. En outre, à la fin de la séquence où est insérée cette chanson, les indications scéniques et les répliques entre Mathias et le chef hollandais qui vient d’entrer, relèvent de l’humour graveleux et carrément scatologique lorsqu’ils évoquent et comparent les effets de leurs dérangements intestinaux chroniques contractés sous ces latitudes.*

Voilà, à grands traits, le sens de cette chanson. Mais alors, où est le malentendu ? 
 
Un concours de circonstances a entraîné une confusion, voire un total contresens, sur le contenu du message délivré par les auteurs à l’heure de sa réception au Portugal. Fado tropical appartient au registre de la chanson populaire (genre mineur pour les mineures disait Gainsbourg), mais par sa composition elle n’est pas une chanson populaire. S’il existait une classification de chanson érudite, elle pourrait y prétendre. Nous venons de le voir, le sens du texte ne se révèle pas à la première audition et il s’accommode mal d’une écoute distraite sur une radio commerciale. Néanmoins, sa diffusion fréquente sur les ondes portugaises dans la liesse post-25 avril 74 a pu séduire par l’accompagnement musical, "très à la façon" du Portugal, par la juxtaposition et la fusion des éléments portugais et brésiliens, par l’emploi, même une seule fois, du mot avril, par l’évocation ambiguë de la sensibilité, certains diront de la sensiblerie, du cœur portugais, voire la cordialité de l'homme brésilien, en opposition à la brutalité des régimes qui les oppriment (on sait que Salazar était en communion d’idées avec le fascisme italien et le nazisme, mais leur brutalité lui répugnait), autant d’éléments qui pourraient expliquer que cette chanson ait été accueillie par l’immense majorité des Portugais comme un geste de sympathie, de fraternité indéfectible, un message de solidarité et d’union avec le MFA etc. Ce message sera effectivement adressé en 1975 par Chico Buarque avec la chanson Tanto mar.

Rappelons-nous également qu’en France dès 1974 Georges Moustaki a publié une chanson intitulée Portugal, qui est l’exacte adaptation musicale de Fado tropical mais dont le contenu est radicalement transformé et transposé dans le contexte du 25 avril portugais. J’ai pu voir il y a quelques jours, dans le capharnaüm de Youtube, une vidéo intitulée Fado tropical sur laquelle défilent des images qui illustrent le texte de G. Moustaki (répression au Chili et en Espagne, images de Franco, de Pinochet et de Nixon, victoire du MFA au Portugal…) avec pour fond sonore la version originale chantée par Chico Buarque !

Plus près de nous, en 2007, le cinéaste espagnol Carlos Saura a présenté le dernier volet de sa trilogie consacrée aux musiques et danses populaires intitulée Fados (après Flamenco, 1995 et Tango, 1998). A mon sens ce film est un raté total, c’est dommage pour le fado, et je crains que Saura n’ait jamais compris, et ne comprendra jamais, l’âme du fado, il ferait même croire aux moins avertis que le fado se danse. Mais ce qui m’a le plus surpris, et même agacé, (me deixou consternado !), est la séquence où Chico Buarque interprète Fado tropical (lequel n'appartient pas, répétons-le, au registre traditionnel du fado castiço), sur un fond d’images tournées à Lisbonne en avril 1974. Ici les strophes non chantées sont récitées par Carlos do Carmo que certains désignent comme le "pape du fado" ! Pourquoi Chico Buarque a-t-il accepté si complaisamment ce montage grotesque ? Lassitude et résignation face aux circonstances qui ont contrarié un succès populaire de Calabar ? Je l’ignore.

Pour l'heure, je laisse la conclusion à Chico Buarque soi-même :

«Vous savez, le Brésil et le Portugal ont une relation un peu difficile. Nous voyons toujours le Portugal avec une certaine prudence, une certaine réserve, si ce n'est avec ironie. Les fados composés par les Brésiliens - comme celui qui est chanté par Mathias, - l'ont été sur le thème de la parodie. On imite "l'accent", on se moque... Les Portugais sont nos Belges. C'est peut-être une vengeance, pour inverser le rapport entre le colonisé et le colonisateur. Une manière de se délivrer d'une agressivité ancestrale. Mais il y a certainement un contenu plus social, car les blagues portugaises mettent en scène des gens humbles, toute cette vague d'immigrants venus au Brésil au début du siècle pour des motifs économiques. (…) Je ne saurais relire aujourd'hui Calabar : cette pièce est comme congelée, fossilisée. La censure l'a interdite. Elle m'a obligé à couper des mots dans les chansons etc. Calabar fut donnée pour la première fois vers 1980, lors de la libéralisation du régime militaire, à São Paulo, mais je pensais déjà à autre chose.»
Gardons-nous de nous laisser berner par ces propos vains et désabusés du "velho Francisco" ; Fado Tropical est bien plus drôle et autrement plus subtil qu’une histoire belge !


Notes
Les propos de Chico Buarque entre guillemets sont empruntés à l’ouvrage de Véronique Montaigne Sons latinos, (1999)
Les citations de Stefan Zweig sont extraites de Le Brésil, Terre d’avenir (1941, édition française 1981)

* Dans la version éditée de Calabar, on peut lire l’indication scénique suivante :
NO DECORRER DO SONETO, MATHIAS FOI DESABOTOANDO AS CALÇAS E, ARRIANDO-AS. AGORA, PARA A ÚLTIMA PARTE DO FADO, ELE VAI-SE SENTANDO NA LATRINA AO LADO DO HOLANDÊS, QUE PERMANECE NA PENUMBRA”
Et pendant que se chante le dernier couplet :
LUZ SOBRE OS DOIS. MATHIAS USA UMA CEROULA VERMELHA COM FAIXA VERDE : O HOLANDÊS EMPUNHA UMA BANDEIRA BRANCA ESPETADA NUM BAMBU ; SUAS CEROULAS SÃO AZUIS LISTRADAS DE VERMELHO ... MATHIAS CAGA ; ALIVIADO, SOLTA UM LONGO SUSPIRO.”

Suit le dialogue :
H – Sente-se melhor ?
M – Melhor ? O senhor não faz ideia do que seja...
H – Eu ? saiba que estou nesta campanha há tanto tempo quanto o senhor, Governador.
M (fraternal) – Também pegou ?
H – Já trouxe das Índias orientais.
M – É. Parece que são terríveis por lá.
H – Nem pode imaginar ...
M – Mas as daqui não ficam atrás.
H – Maneira de dizer...
M – Ficam ?
H – A bem da verdade, a minha já é um resultado meio híbrido. Às vezes é a indiana que me ataca. Bem cedinho. A brasileira geralmente vem quando a outra está de recesso (começa a se contorcer). Falou no bicho ? ... (caga)
M (olhando no vaso do outro) – das boas...
H (conferindo) – Geralmente é mais amarelada ...
M – Tem vários matizes. A minha é um arco-íris.
H – Que sorte.
M – Sorte ?
H – Onde há cor nem tudo está perdido (evocativo). O senhor já esteve na Holanda ?
M – Não.
H – Então não sabe o que é um campo de tulipas ao entardecer ...
M – E o senhor já viu as amendoeiras em flor ? Etc !
PORTUGAL 

(Georges Moustaki, 1974)

Ô muse ma complice
Petite sœur d’exil
Tu as les cicatrices
D’un 21 avril
Mais ne sois pas sévère
Pour ceux qui t’ont déçue
De n’avoir rien pu faire
Ou de n’avoir jamais su

À ceux qui ne croient plus voir s’accomplir leur idéal
Dis leur qu’un œillet rouge a fleuri au Portugal

On crucifie l’Espagne
On torture au Chili
La guerre du Viêt-Nam
Continue dans l’oubli
Aux quatre coins du monde
Des frères ennemis
S’expliquent par les bombes
Par la fureur et le bruit.

À ceux qui ne croient plus voir s’accomplir leur idéal
Dis leur qu’un œillet rouge a fleuri au Portugal

Pour tous les camarades
Pourchassés dans les villes
Enfermés dans les stades
Déportés dans les îles
Ô muse ma compagne
Ne vois-tu rien venir
Je vois comme une flamme
Qui éclaire l’avenir

À ceux qui ne croient plus voir s’accomplir leur idéal
Dis leur qu’un œillet rouge a fleuri au Portugal

Débouche une bouteille
Prends ton accordéon
Que de bouche à oreille
S’envole ta chanson
Car enfin le soleil
Réchauffe les pétales
De mille fleurs vermeilles
En avril au Portugal

À ceux qui ne croient plus voir s’accomplir leur idéal
Dis leur qu’un œillet rouge a fleuri au Portugal

Et cette fleur nouvelle qui fleurit au Portugal
C’est peut-être la fin d’un empire colonial



TANTO MAR

Sei que estás em festa pá
Fico contente
E enquanto estou ausente
Guarda um cravo para mim

Eu queria estar na festa pá
Com tua gente
E colher pessoalmente
Uma flor do teu jardim

Sei que há léguas a nos separar
Tanto mar, tanto mar
Sei também quanto é preciso pá
Navegar, navegar

Lá faz primavera pá
Cá estou doente
Manda urgentemente
Algum cheirinho de alecrim



TANTO MAR 2

Foi bonita a festa pá
Fiquei contente
E inda guardo, renitente
Um velho cravo para mim

Já murcharam tua festa pá
Mas certamente
Esqueram uma semente
Nalgum canto do jardim

Sei que há léguas a nos separar
Tanto mar, tanto mar
Sei também quanto é preciso pá
Navegar, navegar

Canta a primavera pá
Cá estou carente
Manda novamente
Algum cheirinho de alecrim

VASTE MER

Je sais que c’est la fête chez toi mec
Je suis content
Même si je ne suis pas là
Garde un œillet pour moi

Je voudrais être à la fête mec
Chez toi
Et cueillir moi-même
Une fleur de ton jardin

Je sais que des lieues nous séparent
Tant de mer, vaste mer
Je sais aussi combien il faut
Naviguer, naviguer

Là-bas c’est le printemps mec
Ici je suis malade
Envoie-moi d’urgence
Un petit parfum de romarin



VASTE MER 2

Ce fut une belle fête mec
Ça m’a plu
Et je garde encore obstinément
Un vieil œillet pour moi

La fête et tes œillets sont fanés mec
Mais ils ont dû certainement
Oublier une graine
Dans un petit coin du jardin

Je sais que des lieues nous séparent
Tant de mer, vaste mer
Je sais aussi combien il faut
Naviguer, naviguer

Chante le printemps mec
Ici je suis en manque
Envoie-moi à nouveau
Un petit parfum de romarin








Hino Nacional Brasileiro 

Ouviram do Ipiranga as margens plácidas
De um povo heróico o brado retumbante,
E o sol da Liberdade, em raios fúlgidos,
Brilhou no céu da Pátria nesse instante.

Se o penhor dessa igualdade
Conseguimos conquistar com braço forte,
Em teu seio, ó Liberdade,
Desafia o nosso peito a própria morte!
Ó Pátria amada,
Idolatrada,
Salve! Salve!

Brasil, um sonho intenso, um raio vívido
De amor e de esperança à terra desce,
Se em teu formoso céu, risonho e límpido,
A imagem do Cruzeiro resplandece.
Gigante pela própria natureza,
És belo, és forte, impávido colosso,
E o teu futuro espelha essa grandeza

Terra adorada,
Entre outras mil,
És tu, Brasil,
Ó Pátria amada!
Dos filhos deste solo és mãe gentil,
Pátria amada,
Brasil!

Deitado eternamente em berço esplêndido,
Ao som do mar e à luz do céu profundo,
Fulguras, ó Brasil, florão da América,
Iluminado ao sol do Novo Mundo!

Do que a terra mais garrida
Teus risonhos, lindos campos têm mais flores;
"Nossos bosques têm mais vida",
"Nossa vida" no teu seio "mais amores".
Ó Pátria amada,
Idolatrada,
Salve! Salve!
Brasil, de amor eterno seja símbolo
O lábaro que ostentas estrelado,
E diga o verde-louro desta flâmula
- Paz no futuro e glória no passado.

Mas, se ergues da justiça a clava forte,
Verás que um filho teu não foge à luta,
Nem teme, quem te adora, a própria morte!

Terra adorada
Entre outras mil,
És tu, Brasil...
Les berges paisibles de l'Ipiranga ont entendu
L'appel retentissant d'un peuple héroïque.
Et le soleil de la liberté, de ses rayons fulgurants,
A brillé dans le ciel de la Patrie en cet instant.

Si nous avons conquis cette égalité
Par la force de nos bras,
En ton sein, ô Liberté,
Notre courage défiera même la mort !
Ô, Patrie bien-aimée,
Adorée
Salut, Salut

Brésil, un rêve intense, un rayon vivifiant,
D'amour et d'espérance descend sur la terre,
Si dans ton ciel superbe, souriant et limpide,
L'image de la
 Croix du Sud resplendit.
Géant par ta nature même,
Tu es beau, tu es fort, intrépide colosse,
Et ton avenir reflète cette grandeur.

Terre adorée,
Entre mille autres,
C’est toi Brésil,
Ô, Patrie bien-aimée !
Des enfants de ce sol, tu es la douce mère,
Patrie bien-aimée,
Brésil !

Éternellement étendu dans un berceau splendide,
Au son de la mer et à la lumière du ciel infini,
Tu resplendis, ô Brésil, fleuron de l'Amérique,
Illuminé par le soleil du Nouveau Monde !

Tes beaux champs joyeux ont plus de fleurs
Que les terres les plus charmantes,
"Nos forêts ont plus de vie",
"Notre vie" en ton sein "plus d'amours".
Ô, Patrie bien-aimée,
Adorée
Salut, Salut !
Brésil, que l’étendard étoilé que tu arbores
Soit le symbole d'amour éternel,
Que le vert et or de cette flamme proclame :
Paix pour l'avenir et gloire au passé.

Mais si tu brandis le glaive de la justice,
Tu ne verras aucun de tes enfants fuir le combat,
Ni même, celui qui t'adore, craindre la mort !

Terre adorée,
Entre milles autres,
Tu es Brésil...